• Article

  Paysage sonore

mardi 1er mai 2007, par Yannick

Un environnement sonore est un espace acoustique dans lequels les sons peuvent être émis, transmis et reçus. Cela implique au moins un mode passif ou non-intentionnel de percevoir les sons, le niveau de l’entendre. Ici, l’idée d’un environnement correspond à l’espace physique qui nous entoure, à l’entièreté des choses qui sont en dehors de notre corps et que l’on ne peut contrôler directement.

En étant attentif à ce qui peut se passer dans l’environnement, on bascule de l’entendre à l’écouter, on entre dans un mode de perception active, dans une relation spécifique à l’environnement sonore. Cette relation peut être définie comme un dialogue. Prenons l’exemple d’une... pieuvre ! Cet animal possède huit organes utilisé à la fois pour le mouvement, la manipulation d’objets et la perception de son milieu physique. La pieuvre envoie ses tentacules devant elle, elle palpe et explore son environnement. Elle reçoit des informations par le contact tactile : son comportement sera différent si elle touche un objet ou si elle est touchée par l’objet. Elle est dans une boucle de perception : les stimuli l’encourage à recevoir d’autres informations. La situation d’un auditeur dans un environnement n’est pas très différente de celle de la pieuvre : les sons arrivent à ses oreilles, qui l’inciteront à être encore plus attentif à ce qui l’entoure, à écouter attentivement et à explorer les environs avec son audition. Les sons qu’il reçoit seront comparés à son expérience propre, aux sons engrangés dans sa mémoire, et cette comparaison affectera son comportement d’écoute.

Le paysage sonore est ce qui émerge de cette boucle de l’écoute.

Cette conception va à l’encontre du sens commun pour lequel le paysage sonore évoquerait simplement les sons d’un lieu. En effet, nous pensons que le paysage sonore n’est pas extérieur à l’auditeur, il ne s’agit pas d’un objet acoustique, d’une réalité objective que l’on vient contempler. Le paysage sonore se construit, s’établit à partir d’une relation d’écoute. L’auditeur dessine le cadre de son attention, il trace un pourtour entre les différents sons et en crée un écosystème.

À une échelle collective, le paysage sonore s’écoute et se partage au sein d’une communauté d’écoute. Les différents évènements, repères ou particularité des sons d’un environnement vont être remarqués, appréciés ou dépréciés, par différents individus. Chacun y attribuera une signification particulière. Ces significations pourront être parfois divergentes, mais c’est l’attention (l’écoute) collective aux phénomènes sonores qui construira le rapport d’un groupe aux sons de l’environnement. Ce rapport est le paysage sonore d’un milieu de vie.

Il ne suffira donc pas de poser une paire de microphones pour rendre compte d’un paysage sonore...


Pour aller plus loin :
- Paysages sonores partagés, par Yannick Dauby.